Aucun des principaux blocs politiques n’obtient de majorité absolue à l’Assemblée nationale. La question du futur gouvernement reste entière à l’issue du second tour, dimanche soir.Organisé dans l’urgence, le front républicain a fait barrage au Rassemblement national et ses alliés, à l’issue du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet. Contre toute attente, le Nouveau Front populaire arrive de peu en tête, avec une fourchette comprise entre 177 et 192 députés au sein du nouvel hémicycle, selon notre estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. La participation pour ce second tour s’élève à 67,1%, selon notre estimation, un niveau légèrement supérieur à celui du premier tour, et jamais vu depuis 1997.
Pour la coalition de gauche formée au lendemain de la dissolution, c’est une nette avancée par rapport au contingent de 150 députés envoyé à l’Assemblée nationale par la Nupes après les législatives de 2022. A l’issue de ce scrutin, les équilibres internes au bloc de gauche sont modifiés. La France insoumise (LFI), qui formait un groupe de 75 députés dans l’Assemblée sortante, obtient de 73 à 80 sièges. Le Parti socialiste passe quant à lui d’un groupe de 31 élus à une fourchette comprise entre 60 et 64 sièges. Les Ecologistes disposeront de 33 à 36 sièges, contre 21 jusqu’à présent. Enfin, le Parti communiste français enverrait 11 à 12 élus au Palais-Bourbon. Hors NFP, 14 candidats divers gauche sont élus au second tour, d’après l’estimation d’Ipsos-Talan.
Qualifiés dans 441 circonscriptions au second tour, le Rassemblement national et ses alliés semblaient en mesure de s’emparer d’une majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois dans la Ve République. Mais après les nombreux désistements intervenus dans l’entre-deux-tours, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella perd son pari. Il obtient, selon notre estimation, entre 138 et 145 élus au terme du second tour. Il améliore toutefois son score par rapport à 2022, où il avait envoyé 89 députés à l’Assemblée.
A lui seul, le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella s’empare de 124 à 128 sièges. Alliés à l’extrême droite, le président contesté des Républicains, Eric Ciotti, et ses soutiens auront quant à eux de 14 à 17 députés.
La question du futur gouvernement reste entière
Derrière la coalition de gauche, mais devant le RN et ses alliés, le bloc présidentiel réuni sous la bannière Ensemble perd la majorité relative qu’il détenait de 2022 à 2024. Les différents partis du centre limitent cependant leur recul à l’Assemblée, avec entre 152 et 158 élus au terme de ces législatives anticipées. Alors que différents sondages lui accordaient un contingent de députés plus proche de la barre des 100, les nombreux désistements intervenus dans l’entre-deux-tours pour éviter l’accession au pouvoir du Rassemblement national ont profité à Renaissance, au MoDem et à Horizons.
Chacune des composantes de la coalition Ensemble voit ses effectifs se réduire. Renaissance, le parti présidentiel, n’aura que 95 à 98 sièges dans la future Assemblée, contre 169 avant la dissolution. Le MoDem, la formation de François Bayrou, qui avait un groupe de 50 parlementaires, enverra entre 32 et 34 députés à l’Assemblée. Enfin, Horizons, parti d’Edouard Philippe, marque un léger retrait, avec de 25 à 26 élus, contre 31 députés auparavant.
Les Républicains (en incluant les députés divers droite) envoient entre 63 et 67 élus dans l’hémicycle, alors qu’ils comptaient 61 députés dans leur groupe avant la dissolution. Ce statu quo a de quoi surprendre, après la campagne mouvementée qui a vu Eric Ciotti s’allier au RN.
Avec ce résultat, la question du futur gouvernement reste une inconnue. La gauche va-t-elle revendiquer la formation d’un gouvernement malgré l’absence de majorité nette ? Le bloc présidentiel va-t-il négocier avec certaines forces du Nouveau Front populaire pour constituer une coalition de la gauche au centre ? L’hypothèse d’un gouvernement technique qui expédierait les affaires courantes durant plusieurs mois est-elle envisageable ? Une partie des réponses se trouve aussi entre les mains d’Emmanuel Macron, puisque la Constitution confie au président de la République le pouvoir de nommer le Premier ministre.