Le ministre des Finances et du budget ne s’est pas présenté devant le Conseil d’administration du Fmi, le 24 juillet dernier, où il savait que des questions l’attendaient sur les causes et circonstances du dernier eurobond de 450 milliards, auquel les partenaires n’étaient pas associés. Or, le faux bond de Diba prive pour l’immédiat le pays d’un décaissement de 230 milliards, qui aurait été particulièrement bienvenu avant celui de décembre portant sur 109 milliards.
Face aux journalistes auxquels il a accordé une interview à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, le Président Bassirou Diomaye Faye a affirmé qu’il n’avait pas trouvé d’argent dans les caisses de l’Etat, encore moins dans celles de la Présidence. BDF est allé même jusqu’à déclarer qu’il a été dans l’incapacité de répondre à certaines sollicitations qui lui ont été faites.
Il n’a pas fallu longtemps pour que le pays bruisse de commentaires de tous ordres à la suite de cette sortie présidentielle. Si ses partisans ont élevé la voix pour déclarer que «Macky a emporté tout l’argent de la Présidence, allant jusqu’à bouffer en 3 mois un budget voté pour toute l’année», des observateurs n’en revenaient pas. Comme des membres de l’Apr, le parti de Macky Sall, ils ont fait remarquer qu’il n’y avait pas au Palais, «une armoire où l’on a entreposé des billets de banque pour le compte de la caisse noire». Seydou Guèye, le porte-parole de l’ancien parti présidentiel, a même détaillé les fameux fonds spéciaux dénommés «caisse noire», leur montant et leur destination, tels que déterminés par l’Assemblée.
Mais le problème le plus sérieux, au-delà de cette polémique politicienne, c’est que cette déclaration du Président Diomaye vient contredire les déclarations des partenaires financiers internationaux. C’est notamment ce qu’a affirmé le chef de la dernière mission du Fmi à Dakar. Rappelant tous les financements dont le pays a bénéficié depuis les 3 derniers mois, auxquels venaient s’ajouter les levées de fonds sur les marchés financiers internationaux, les partenaires du Sénégal ont rappelé que le pays s’est retrouvé avec un tel excédent de fonds qu’il n’avait en principe même pas besoin de lever le dernier eurobond de 450 milliards de francs Cfa.
Est-ce pour cela que les nouveaux fonds levés par le gouvernement n’ont toujours pas fait l’objet d’une loi des finances rectificative ? Cela peut également expliquer pourquoi les fameux financements ne sont pas encore injectés dans le budget, alors que des secteurs de l’économie se retrouvent en tension financière. Et le Fmi ne semble pas parti pour arranger les choses.
Le Quotidien a appris qu’il était prévu deux nouveaux paiements pour l’exercice en cours dont un de 230 milliards en juillet 2024 et un autre de 109 milliards en décembre 2024. La dernière mission de revue du Fmi, qui a séjourné à Dakar du 6 au 19 juin 2024, avait conclu à la perspective du passage du dossier du Sénégal devant le Conseil d’administration de l’institution internationale, courant juillet 2024. Cette réunion, qui devrait valider le premier décaissement de cette année, avait d’ailleurs été calée pour le 24 juillet 2024. L’instance a été reportée à septembre prochain. Il se dit que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, aurait senti la nécessité de mieux se préparer, et pour cause ! Il lui faudrait trouver le moyen d’expliquer aux bailleurs, les causes et circonstances du dernier eurobond, d’après des fonctionnaires du ministère.
En attendant, il faudrait souhaiter que l’Etat n’aille pas s’endetter avant de pouvoir bénéficier de son financement.