Le président de la République et le Premier ministre sont interpellés par le leader du mouvement Agir sur la superficie de 7 mille mètres carrés attribuée sur la Corniche-ouest à l’hôtel Azalaï. Thierno Bocoum veut que cette question soit tirée au clair, au moment où le chef du gouvernement a fait, ce dimanche, état d’un supposé scandale foncier sur la plage d’Anse Bernard.
Thierno Bocoum s’est focalisé sur l’accaparement du Domaine public maritime (Dpm). Le président du mouvement Agir s’est montré, lors de son point de presse hier, préoccupé par le vaste espace foncier que l’établissement hôtelier Azalaï occupe sur la Corniche-ouest. Bocoum ne s’est, en effet, pas fait prier pour interpeller le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko. Et c’est pour déclarer : «L’hôtel Azalaï est dans le Domaine public maritime. Cet hôtel a été construit sur 7000 mètres carrés ! Qu’ils nous disent comment cela est possible ?» «Quand ils sont sortis de prison, ils sont allés passer la nuit dans cet hôtel. Ils en ont fait leur Quartier général quand ils ont remporté la Présidentielle. C’est de là que le président de la République est parti pour effectuer sa prestation de serment. On lui (Bassirou Diomaye Faye) demande comment il va faire avec cet hôtel ? Ceux qui connaissent Dakar… J’ai fait 28 ans à Dakar. Nous savons qu’après l’hôtel Terrou-Bi, on se baignait à la plage. Les populations s’y baignaient, y avaient accès et avaient une vue sur la mer.» «Personne n’avait privatisé cet espace. Et on a pris 7 mille mètres carrés pour les attribuer à quelqu’un. Et eux (Diomaye et Sonko) ont avalisé cela. Qu’il règle ce cas-là d’abord, avant de se consacrer à autre chose», fait comprendre Thierno Bocoum en s’adressant au Pm Ousmane Sonko.
Cette interpellation faite par Bocoum intervient à la suite de la descente du Premier ministre Ousmane Sonko, ce dimanche, sur la plage d’Anse Bernard. Ici, M. Sonko avait dénoncé un prétendu scandale foncier. Puisqu’il a soutenu qu’il s’agit «d’un domaine attribué par le biais d’un morcellement bien défini. Certains ont bénéficié de 5000 m², d’autres de 3000 m², de 2000 m², etc.». «C’est une situation grave pour le Peuple sénégalais», avait encore fait savoir le chef du gouvernement.
Thierno Bocoum, a aussi évoqué la polémique relative à la Déclaration de politique générale (Dpg) du Pm a été abordée. Déclinant sa position sur cette question, M. Bocoum n’a pas ménagé le Pm Ousmane Sonko dont il a critiqué la démarche. «Le Premier ministre n’a pas d’injonctions à faire, s’il ne fait pas sa Dpg (Déclaration de politique générale), il ne doit plus être considéré comme chef de gouvernement», lance Thierno Bocoum, invitant ainsi le Pm «à respecter la Constitution». Soulignant que le Premier ministre n’est pas lié par des délais stricts, M. Bocoum estime qu’il ne devrait pas donner d’ultimatum aux députés. «Si les 90 jours sont dépassés, le Premier ministre n’est plus tenu par ces délais. Menacer les députés est une grave erreur. Selon l’article 64 de la Constitution, tout mandat impératif est nul. Ousmane Sonko doit respecter la séparation des pouvoirs. Si les députés cèdent aux injonctions du Premier ministre, ils ne représentent plus le Peuple. Sonko n’a pas le droit de donner des ultimatums aux parlementaires. Leur objectif semble être de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections législatives. Les députés ne doivent pas accepter cela», a assuré l’ancien parlementaire.
«La Déclaration de politique générale est une affaire des députés, ils sont tous compétents, mais il leur manque une entente», fait remarquer le président d’Agir.
Le Premier ministre doit obligatoirement présenter sa Dpg devant l’Assemblée nationale. «S’il choisit de le faire en dehors de l’Hémicycle, il commet un coup d’Etat institutionnel et ne peut plus être Premier ministre du Sénégal. C’est une exigence constitutionnelle et il y a défaut de respect des institutions», a-t-il souligné. Avant de «douter des capacités du Pm». Critiquant également l’inaction des députés à l’Assemblée nationale. «L’Assemblée nationale manque d’action et de leadership. Les députés doivent agir collectivement. Le Règlement intérieur est une loi et ceux qui cherchent à le modifier doivent présenter une proposition de loi. L’initiative législative revient aux députés», affirme Thierno Bocoum, qui rappelé que l’ancien Premier ministre Amadou Ba avait présenté sa Dpg conformément au Règlement intérieur, et que cela devrait également être le cas pour Ousmane Sonko. «Il n’y a pas de problème, c’est aux députés de régler cette question, car cela relève de leur compétence», fait-il remarquer.
«Nous avons la position d’encourager les autorités vers la rupture… Mais, nous avons été surpris par le comportement de Ousmane Sonko qui attaque tout le monde… Ousmane Sonko ne respecte pas les institutions… Il ne respecte pas les Sénégalais… Il n’a pas les capacités d’un Premier ministre…», a réagi Thierno Bocoum. Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions politiques au Sénégal sur fond de Déclaration politique générale (Dpg) que le Pm ne compte faire devant l’Assemblée nationale que si l’institution arrive à mettre à jour son Règlement intérieur, sinon il va la tenir devant une assemblée populaire. Une sortie du Pm faisant suite à celle des députés de Yewwi askan wi (Yaw) soutenant que la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre n’est pas une obligation, puisque «l’Assemblée nationale a supprimé le Premier ministre ainsi que la Dpg de son Règlement intérieur». Tout en indiquant que les dispositions des articles 97, 98 et 99, et des chapitres 22, 23 et 24 devaient au préalable être rétablies. Des arguments battus en brèche par les députés de Benno bokk yaakaar (Bby), les jugeant «fallacieux et indéfendables», en défendant l’idée selon laquelle la disposition constitutionnelle s’impose au Premier ministre et en l’absence de délai exprès. L’Assemblée nationale a décidé, samedi dernier, de surseoir au Débat d’orientation budgétaire en clôturant la session ordinaire unique de l’année 2023-2024, suite à la sortie du Pm sur sa Déclaration de politique générale.
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