«Rester et lutter pour réussir», c’est le slogan de la Conférence internationale sur les migrations de Mauritanie qui s’est tenue aujourd’hui au Palais des congrès de Nouakchott, sous la présidence de Synthia Kierscht, ambassadrice des Etats-Unis en Mauritanie. Conscient de l’ampleur du phénomène grandissant en Mauritanie, le président de l’Association mauritanienne de lutte contre les migrations néfastes, Bah Amar, a plaidé pour l’éducation et la formation des jeunes en vue de leur donner plus de perspectives d’une part, et d’autre part, leur permettre de trouver un emploi et de rester au pays. Aussi, il a plaidé pour le financement des jeunes pour leur permettre d’entreprendre et développer leurs projets. Depuis le dernier semestre 2023, la migration irrégulière ne cesse de faire des victimes et de laisser des familles sans espoir de retrouver leurs proches. Sensible à cette situation, notamment de l’émigration irrégulière, l’ambassadrice des Etats-Unis en Mauritanie, Synthia Kierscht, de faire constater dans son discours qu’il est particulièrement «douloureux» de noter que les candidats à ce voyage risqué abandonnent souvent leurs familles, leurs parents et leurs jeunes enfants. D’ailleurs, informe-t-elle, certains parmi eux ont été confrontés à des «difficultés extrêmes et à de graves dangers lors de leur voyage vers la frontière sud des Etats-Unis».
Exposés à des viols, des vols, des attaques des gangs criminels, les migrants doivent parcourir un chemin de croix pour rejoindre les Usa. La migration des jeunes de la Mauritanie n’est pas sans conséquences. A cet effet, précise l’ambassadrice des Usa à Nouakchott, la migration «met la vie des jeunes en danger d’une part, et d’autre part, entrave le développement économique de la Mauritanie».
Et cette dernière de poursuivre en faisant constater qu’avec le départ en cascade des jeunes en Mauritanie, le pays «perd» de précieuses ressources, de la main-d’œuvre, des compétences, de l’expertise, de l’énergie et l’ambition nécessaire pour «assurer» la prospérité et le «bien-être» futur du pays. Pour inverser la tendance et encourager les jeunes à rester, l’ambassadrice Synthia Kierscht estime qu’il faut créer ensemble un environnement propice à l’intégration en mettant en œuvre des politiques publiques inclusives, tout en facilitant l’accès aux services et aux opportunités d’emploi, en promouvant la cohésion sociale et en soutenant le développement des jeunes.
Pour sa part, le ministre délégué en charge des Mauritaniens de l’extérieur, après s’être réjoui de la tenue de la conférence et avoir félicité les organisateurs, est revenu sur les enjeux et défis de la migration en Mauritanie. Selon ce dernier, la migration est un défi majeur au niveau mondial aux enjeux à la fois politiques, économiques et sécuritaires. «La Mauritanie souffre du fait de l’arrivée massif des migrants.
Ce, au regard de sa position géographique et le contexte sécuritaire auquel le pays est exposé», note le ministre délégué chargé des Mauritaniens de l’extérieur. Il n’a pas manqué de rappeler dans sa prise de parole, les efforts consentis par l’Etat mauritanien dans le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle pour améliorer l’employabilité des jeunes. Pour finir, il a laissé entendre que lutter contre la migration irrégulière requiert «l’implication et l’apport de tous».
22 mille Mauritaniens ont traversé la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis
Vingt-deux mille (22 000), c’est le nombre de Mauritaniens qui ont traversé la frontière du Mexique pour rejoindre les Etats-Unis. Cette révélation a été faite lors de la Conférence internationale sur les migrations que la capitale mauritanienne, Nouakchott, a abritée aujourd’hui, par le Coordonnateur général, responsable des relations extérieures de l’Association mauritanienne de lutte contre les migrations néfastes, Men Elemine El Houssein. Le constat, selon lui, est «flagrant et alarmant» de voir des jeunes qui se «jettent» dans la jungle dans des situations parfois horribles. Les discussions ont montré, ironise ce dernier, que c’est le «Sénégal et la Mauritanie qui sont en finale de cette migration».
Ces chiffres sont rapportés, selon lui, par des organismes et le gouvernement américain. En réalité, dira notre interlocuteur, ce sont plus de «35 000 citoyens mauritaniens, des jeunes de surcroit, qui sont entrés de manière irrégulière aux Etats-Unis d’Amérique».
Pour freiner les jeunes et leur donner une nouvelle perspective, M. Houssein fait remarquer que la Mauritanie et le Sénégal ont le même destin, avec des perspectives à la fois «prometteuses et fructueuses» dans le domaine énergétique. «Nous avons des pays jeunes, avec une jeunesse très active. Nous avons des ressources gazières et pétrolières. Tout ce que nous demandons, c’est que nos gouvernements puissent investir dans les secteurs de l’éducation et de la formation, pour permettre aux jeunes de créer leur propre business.» «C’est la jeunesse qui fait tout. Si les gouvernements sont attentifs aux préoccupations de la jeunesse, on peut tout régler et tourner le dos à la migration irrégulière», a plaidé notre interlocuteur. Pour sa part, le chef de la mission de l’Oim en Mauritanie, Boubacar Seydou, n’a pas manqué de donner un aperçu des tendances migratoires en Mauritanie. A en croire ce dernier, dans sa présentation entre juin 2023 et janvier 2024, au moins «47 pirogues ont été débarquées en Mauritanie avec un total de 3192 migrants». A travers le projet Missing Migrants de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), il informe que «956 migrants ont été portés disparus en 2023». Ce, avant de faire remarquer une augmentation des départs depuis la Mauritanie de 67% entre novembre 2023 et janvier 2024 par rapport à août et octobre 2023. La répartition des nationalités avant mi-novembre est composée comme suit : 82% de Sénégalais, 15% de Gambiens, 2% de Maliens, 1% de Guinéens contre 0% de Mauritaniens. Depuis mi-novembre, le chef de mission de l’Oim en Mauritanie renseigne qu’il y a 30% de Sénégalais, 1% de Gambiens, 37% de Maliens, 3% de Guinéens contre 29% de Mauritaniens.
Par ailleurs, le commissaire Ibrahima Senghor, qui a pris part à la conférence, est revenu sur le Sénégal, avec le cadre juridique de lutte contre la migration irrégulière, le cadre institutionnel et opérationnel de lutte contre la migration irrégulière. La mise en œuvre des dispositifs a permis, selon le commissaire Senghor, l’atteinte de résultats satisfaisants.
A cet effet, il estime que pour l’année 2023, plus de «70 pirogues ont été interceptées et plus de 30 départs empêchés», plus de 14000 migrants irréguliers par la voie maritime dont plus de 11 000 Sénégalais et plus de 2000 étrangers. Parmi ces migrants interpellés, «figurent des hommes, des femmes et plus de 600 enfants». Toujours revenant sur les résultats obtenus par le Sénégal dans la lutte contre la migration irrégulière, le commissaire informe que plus de 400 personnes «ont été transférées devant les juridictions compétentes pour trafic illicite de migrants par terre, mer ou air».
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